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Lisois paroist de loin, portant parmy les plaines
L’honorable fardeau de quatre aigles romaines,
Que d’un effort hardy, par autant de combas,
Sa main vient d’arracher aux cherusques soldats.
Il remet ce trophée aux pieds de son monarque,
Qui veut que son écu, pour son illustre marque,
Soit peint de quatre aiglons, leurs ailes estendans ;
Et que ce mesme honneur passe à ses descendans,
Qui depuis par leurs faits, joignant gloire sur gloire,
De ce nombre ont trois fois redoublé la memoire.
Le prince impatient retourne vers le mont,
Pour trouver sa princesse, et le brave Arismond.
Mais il tremble en son cœur pour la troupe fidelle,
Si celebre en beaux faits, et si chaste, et si belle.
D’amantes ny d’amans, nul ne s’offre à ses yeux.
Allons, dit-il, Aurele : allons aux mesmes lieux
Où mon malheur laissa cette bande animée
A porter tout le faix de la nombreuse armée.
Il void autour de luy tous ses chefs rassemblez.
Il les meine, où de sang les vallons sont comblez,
Vers le passage estroit, où la troupe invincible
Rendit, pour le sauver, le mont inaccessible.
Il trouve des monceaux de saxons entassez :
Puis les corps des amans, l’un à l’autre embrassez :
Percez diversement de grands coups honorables :
Dans une heureuse mort encore tous aimables.