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Le prince les appelle : et cette aimable voix
Ranime en ce moment Sigalde et les gaulois.
Les guerriers d’Austrasie estonnez du carnage,
Du prince et d’Arismond admirent le courage,
Qui par leur grand éclat, et les coups de leurs mains,
Leur paroissent des dieux, plustost que des humains.
Puis voyant la splendeur de l’auguste banniere,
Ils pensent à leur dos voir une troupe entiere.
Tout s’ébranle, tout cede : et par leurs rangs troublez,
Nul ne peut soustenir ces grands coups redoublez.
Le monarque fondant sur ces troupes tremblantes,
Void Volcade couché sur les herbes sanglantes.
Grand prince, voy le prix des grands maux que j’ay faits,
Dit-il : mais je ne puis survivre à mes forfaits.
Et je vay m’en punir par ma main detestable,
Si je ne puis mourir par ta dextre equitable.
Differe, dit Clovis ; et ne redoute rien.
Tu ne dois pas mourir de ton fer ny du mien.
Tes lasches trahisons t’ont rendu l’ame noire :
Mais une belle mort peut laver ta memoire.
Donc, pour ne te voir pas à tes faits survivant,
Va chercher Alpheïde, et meurs en me servant.
O ! Graces, dit Volcade, ô ! Faveurs magnanimes !
Je vay par mon trépas reparer tous mes crimes.
Tout sanglant il se leve ; et Clovis le laissant,
Tantost court sur le mont, et tantost en descend.