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Il envoye à son fort son escuyer fidelle :
Mais le saxon y porte une attaque cruelle.
De toutes parts il tasche à rallier les siens.
Aigoland void des flots de saxons, d’ubiens :
Que nul chef ne paroist des troupes de la France :
Que l’ennemy par tout regne avec insolence.
Chere Argine, dit-il, hé bien, il faut perir.
Contre tant de payens, pour Christ il faut mourir.
Hé bien, mourons pour Christ, dit la vaillante Argine.
Soit accomplie en nous la volonté divine.
Tous repetent alors ; mourons pour nostre foy :
Et pour le nom de Christ, et pour sauver le roy.
Argine tend les bras. Amy, reçoy, dit-elle,
Ce seul et digne prix de ton amour fidelle.
Et toutes à l’envy donnent à leurs amans
Le premier et dernier de leurs embrassemens.
Aigoland en cinq rangs soudain les fait estendre.
C’est le roy qu’en mourant nous avons à deffendre,
Dit-il. Ce poste estroit, par de bons combatans,
Contre tant d’ennemis se peut garder long-temps.
Par ces mots genereux, la bande ranimée,
Dans un beau desespoir attend toute l’armée :
Et leur cœur indompté, du nombre combattu,
Soustient tant de fureurs, par sa seule vertu.