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Mais le roy valeureux, du fendant coutelas,
Luy tranche l’esperance, en luy tranchant le bras.
Trois fois de s’affermir vainement il essaye.
Il tombe ; et par le sang l’ame sort de sa playe.
Yoland de fureur s’anime en ce moment,
Plustost que de pitié pour son fidelle amant.
Elle presse Aribert, Arnulfe, Sigivalde,
Le brave Sisenand, Bouzon, le fort Eubalde,
Et Gripon et Mainfroy, tous d’un commun effort,
De vanger des guerriers et la honte et la mort.
Pour les mieux animer, elle mesme les meine :
Et porte au vaillant prince une attaque soudaine.
Les jeunes chevaliers, et la troupe d’amans,
Opposent leur courage à tant de regimens,
Couvrent leur cher monarque, afin que dans sa peine
Au moins pour un moment il puisse prendre haleine.
Il monte sur un tertre ; et fremit en son cœur
De voir que des gaulois le saxon est vainqueur.
Il void sur les costaux leur sanglante furie ;
Et des flots empourprez qui couvrent la prairie ;
Où le cruel danois, plongé jusques au flanc,
Se plaist à se baigner dans un fleuve de sang.
Il void, montant plus haut, ses troupes fugitives :
Il void traisner par tout ses enseignes captives :
Et dans son desespoir, veut, d’un triste dessein,
Ou s’immoler aux coups, ou se percer le sein.