Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/404

Cette page n’a pas encore été corrigée

Clovis, pour l’appaiser, le flate de la voix,
Puis donne l’oriflame à Sigalde gaulois.
Cette auguste banniere aime une main chrestienne ;
Et ne peut endurer qu’un payen la soustienne.
Elle vole, elle ondoye, elle plaist aux regards.
Il semble qu’elle regne entre les estendards ;
Et qu’elle brille autant sur les autres bannieres,
Que la lune a d’éclat sur les moindres lumieres.
Aux ennemis de Christ elle inspire la peur ;
Confond toute surprise, et tout projet trompeur.
Auberon craint sa force, et les celestes armes :
Et s’enferme en la Vauge, avec ses foibles charmes.
La trompette saxonne alors parmy les airs
Fait aux françois ardens ouïr ses tons divers.
Puis leurs yeux sont frapez d’une flote soudaine
D’infinis estendards qui volent dans la plaine.
Desja les escadrons paroissent avancez,
Dont l’un et l’autre mont peuvent estre embrassez.
Et le premier combat de ce jour memorable,
Se fait à soustenir cette veuë effroyable.
Seul esprit qui sçais tout, ame de l’univers,
Illumine la mienne, et renforce mes vers :
Afin que la fureur de l’horrible journée
Soit par mes chants hardis dignement entonnée.
Les superbes françois, pour haster leur bonheur,
Du choc, aux fiers germains veulent ravir l’honneur.