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Trente mille guerriers sont comptez sous ses loix.
Sur le bruit que répand l’approche du françois,
Elle haste leurs pas vers les murs de Mayence,
Où le roy des germains r’assemble sa puissance.
Qui compteroit l’amas des gendarmes saxons,
Pourroit compter aussi les épics des moissons,
Les fleurs dont au printemps la terre se couronne,
Et sur les tertres verds les raisins de l’autonne.
Le prince Algerion, grand de cœur et de corps,
Pour sa garde en choisit dix mille des plus forts,
Qui tous, sortant des flancs de leurs meres fecondes,
Ont de l’Elbe glacé souffert les froides ondes :
Endurcis à la peine ; et qui ne craignent pas
Les attaques des temps, ny l’horreur des combas.
De cherusques archers une troupe infinie
Marche avec cent drapeaux sous le noble Arminie,
Issu de ce grand chef, dont l’indomptable cœur
Des superbes romains fut mille fois vainqueur ;
Qui d’un sort obstiné, fatal à tant d’armées,
Dans ses pieges surprit cent testes renommées.
Tous ces peuples sont fiers, nourris aux regions
Où le soc traisne encor les os des legions,
Pres des bords du Veser, et de la forest sombre,
Où souvent de Varus on void paroistre l’ombre,
Grande, pasle, et jettant de gemissantes voix,
Des siens cherchant encor les restes dans les bois.