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Preferant à mon regne un soin religieux,
Pour estendre par luy le culte de nos dieux.
Mais je voy que luy mesme ingrat les abandonne :
Qu’il aime une chrestienne, et flestrit sa couronne :
Que son camp contre luy commence à s’animer :
Qu’un orage terrible est prest à se former :
Et que les francs honteux que pour d’indignes charmes
Il laisse rallentir le bon-heur de leurs armes,
Elevent contre luy leurs genereuses voix,
Veulent que Cloderic soit mis sur le pavois,
Et vont à vostre sang accorder leur empire,
Pourveu qu’à leur dessein ma puissance conspire.
Je dois bien seconder une si juste ardeur,
Pour maintenir des francs le nom et la grandeur.
De mes filles, je veux faire un double hymenée.
Au prince Cloderic je destine l’aisnée :
Et je vay l’élever au trône de Clovis,
En luy prestant mes soins, mes forces, et mes advis.
Et sçachant ton amour, je l’agrée, et te donne
La fertile Austrasie, et ma chere Albione.
Arderic à ces mots ressent mille plaisirs,
Goustant le double honneur qui flate ses desirs :
Reçoit avec respect les biens qu’il luy presente ;
Puis l’écoute, d’une ame et soumise et contente.
Va trouver Cloderic, dit le traistre enchanteur.
Dy luy, qu’unis de sang, de puissance, et de cœur,