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Et les sons élevez de sa parole altiere,
Et l’ordinaire orgueil de sa démarche fiere.
Tes sermens, luy dit-elle, amant trop dangereux,
Sont trop forts pour ton cœur foiblement amoureux,
Qui ne m’offre sur luy qu’un honteux avantage,
Puis qu’un foible respect avec moy le partage.
Ma beauté, mon amour, ne sont pas d’un grand prix,
Si tu n’as pas pour eux tout le reste à mespris.
Considere mes yeux, et l’ardeur de ta flame.
Voy, pour un faux honneur qui domine en ton ame,
Que ta flame et mes yeux sont dignes de pitié,
Qui n’ont peû de ton cœur gagner que la moitié.
Lisois, mets tes desirs dans la juste balance.
Pese lequel des deux à le plus de puissance,
Ou celuy de servir le prince des françois,
Ou celuy d’estre aimé de celle que tu vois.
Je te donne à choisir : songe quelle est ta gloire,
Que de ton choix dépende une telle victoire.
J’estime un faux amant pire qu’un ennemy ;
Et ne veux point d’un cœur ou je regne à demy.
Alors par un regard qui prie et qui commande,
Elle assiege Lisois, et soustient sa demande.
Le guerrier est confus dans ce traistre bon-heur,
Voyant qu’une injustice en destruit tout l’honneur :
Qu’à ses vœux la fortune est flateuse et cruelle.
Puis il répond ainsi, d’un cœur sage et fidelle.