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Sans cesse il l’accompagne : elle accepte ses vœux.
Sa blessure à sa honte est un remede heureux ;
Qui luy sert d’un pretexte, et luy preste une addresse,
Pour couvrir et son fruit, et sa longue tristesse.
Volcade qui la cherche, et fuit ses premiers feux,
En mesme temps arrive en ce lieu dangereux :
Et taché du beau sang qui noircit sa memoire,
Vient se soüiller encor d’une tache plus noire.
Oubliant Alpheïde, et sa troupe, et son roy,
Son ame de l’honneur n’écoute plus la loy.
Il n’a plus ny desirs, ny raisons legitimes,
D’un crime incessamment tombant en nouveaux crimes.
Mais l’amour de Lisois, ce guerrier si parfait,
Semble par son exemple anoblir son forfait :
Et pour rendre le calme à son ame confuse,
Il croit que de tout mal l’amour est une excuse.
Il vit prés d’Albione : il tasche à l’alleger :
Et de son prince mesme il s’offre à la vanger.
Par un flateur espoir la princesse l’engage ;
Et luy promet sa foy, pour le prix de sa rage.
Yoland d’autre-part, en un lieu sans tesmoins,
A son brave guerrier, dit qu’elle aime ses soins ;
Qu’elle n’est pas ingrate ; et feint avec prudence
Qu’elle brule d’amour, en brulant de vangeance.
Elle roule en son cœur des projets furieux :
Et pour les faire éclore, elle adoucit ses yeux,