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Seulement, pour flater la honte de ma fuite,
J’accepte, si tu veux, tes soins et ta conduite.
Elle leve son corps, animant sa pasleur :
Et son ébranlement réveille sa douleur.
Le secourable amant de son bras la soulage.
Arderic pour sa sœur à mesme soin s’engage.
Et dé-ja prenant part à sa douce langueur,
Dans cet appast aimable empoisonne son cœur.
Alors sur les chevaux on les porte avec peine :
Et tous suivent la route où Myrrhine les meine.
Ils marchent vers la Vauge : et sur la fin du jour
Apperçoivent les tours du dangereux sejour,
Où le prince enchanteur les comble de caresses,
Et de feintes douceurs soulage leurs tristesses.
Il embrasse Arderic : dit qu’il cognoist son rang ?
Que d’une mesme source ils ont puisé leur sang :
Et prompt en ses projets, aussi-tost dans son ame
En fait le premier fil d’une puissante trame.
Le duc dormoit encor, dont soudain tous les sens
Se réveillent au bruit des chevaux hannissans.
Et malgré son grand cœur, il s’émeut, et frissonne,
Voyant de toutes parts l’horreur qui l’environne.
Un estroit soupirail, de son cachot obscur
Entrouvroit et la voute et l’effroyable mur ;
Et de peur d’adoucir cette prison barbare,
Luy prestoit tristement une lumiere avare.