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Range les bataillons, les anime, les louë,
Cependant qu’aux drapeaux l’air se mesle et se jouë :
Fait filer le bagage ; et languit en son cœur
Du desir de haster sa pesante lenteur.
Enfin l’armée est preste : et rien ne la retarde.
Arembert et Berulfe en meinent l’avangarde :
Et dé-ja font marcher sur les traces du roy
Les troupes dont le bruit par tout seme l’effroy.
Cependant Auberon, de qui l’ame irritée
Et de honte et de rage est sans cesse agitée,
Par un esprit fecond en projets furieux,
Veut priver de guerriers le roy victorieux.
Il meine dans les bois une infernale escorte ;
Prend Aurele dormant, et dans les airs l’emporte,
Soustenu de demons, dans un nuage épais,
Où de son dur sommeil rien ne trouble la paix :
D’un mouvement si doux, de peur qu’il ne s’éveille,
Que mesme nul zephir ne soufle à son oreille :
L’enferme en son palais, dans un affreux sejour
Où n’éclaira jamais le bel astre du jour.
Ah ! Je le tiens, dit-il, cet ennemy, ce traistre,
Ce secret confident des amours de son maistre,
Ce perfide à nos dieux, cet autheur du refus
Dont le sensible affront me rendit si confus.
Maintenant la fortune à mon desir est prompte,
Pour vanger sur Clovis et nos dieux et ma honte.