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Comme lors que la mer contre le Rhein rebrousse ;
Par ses élans reglez sans cesse le repousse ;
Et malgré son dépit s’irritant sans repos,
Veut que contre sa source il revolte ses flots ;
Le fleuve sur son chef laisse passer les ondes ;
Et gardant le lit pur de ses arenes blondes,
Coule sans s’émouvoir sous l’effort ennemy :
Puis d’un paisible cours, en luy mesme affermy,
Purge en peu de momens ses eaux douces et claires
Du meslange écumeux de ces vagues ameres,
Les rechasse vainqueur, les pousse, et les confond
Parmy les vastes flots de l’empire profond.
Ainsi malgré l’effort de la ruse infernale,
La triomphante armée à Clovis est loyale,
Resiste à Cloderic, de qui l’espoir trompeur
S’enflamme, puis s’esteint, et s’exhale en vapeur.
Et contre les demons, ennemis invisibles,
Tous d’un commun accord se monstrent invincibles.
Montan void de l’enfer les complots insolens :
Et voulant raffermir les courages branlans,
Et par un saint secours trancher la noire trame,
Dans le milieu du camp fait briller l’oriflame.
Soudain l’enfer se taist, et devient sans pouvoir :
Et les cœurs agitez rentrent dans leur devoir.
Le trouble estoit calmé ; quand Genobalde arrive.
Chacun à son discours tient l’oreille attentive.