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Il les void loin de luy galopans dans le bois.
Les arbres à ses yeux les couvrent quelquefois.
Tantost il les découvre éloignez dans la plaine :
Puis un vallon les cache, et redouble sa peine.
Il marche sur leurs pas : il pense les revoir :
Il en perd à l’instant et la veuë et l’espoir.
Dans un bois il les cherche, et n’en void nulle trace.
En des sentiers trompeurs il court, il s’embarrasse.
Son cheval perd enfin l’haleine et la vigueur.
Le duc se jette à terre, abbatu de langueur.
Insensé, que fais-tu dans cette forest sombre,
Dit-il : pauvre abusé, tu cours apres une ombre.
Quoy ? Ma belle Agilane auroit quitté les cieux,
Pour revivre sur terre, et passer en ces lieux ?
Un demon m’a trompé : le cruel et le traistre
M’a, par ce beau fantosme, écarté de mon maistre,
Voyant que la colere agitoit ses esprits,
Et dé-ja pour ses dieux luy donnoit du mespris.
Belle ame qui sous toy vois luire les étoiles,
Qui vois briller ton dieu sans ombres et sans voiles,
Souffres-tu que l’enfer se serve ainsi de toy,
Pour tromper ton espoux, et pour nuire à mon roy ?
Tu triomphes là haut prés du dieu que j’adore ;
Ayde ceux icy bas qui combattent encore.
Joins tes vœux pour Clovis, prest à quitter ses dieux,
Pour luy donner la foy, qui t’a donné les cieux.