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Tel que sur de l’albatre est un rouge coral.
Le roy la trouble encore, en craignant pour son mal :
Et pour ravir aux coups la princesse timide,
Veut que le prompt cocher lasche aux chevaux la bride.
Ainsi fuyoit jadis sur le grand char de Mars,
Quand elle eut de la guerre éprouvé les hazards,
La belle Cytherée et sanglante et honteuse,
Si l’on en croit les chants de la Grece menteuse.
Quand le fils de Tydée, ardent, audacieux,
D’une dextre mortelle osa blesser les dieux ;
Et guidé de Pallas, qui poussoit son audace,
Fit detester la guerre au dieu mesme de Thrace.
Le char soudain s’écarte, et s’échape aux regards.
Les saxons par les francs battus de toutes parts,
Ne voyant plus leur prince, et courant à sa suite,
Couvrent de ce pretexte une honteuse fuite.
Le monarque vainqueur, en ménageant le temps,
Laisse reprendre haleine aux chevaux haletans.
Arderic, et Lisois, et le duc se separent :
Et suivant l’ennemy, dans la forest s’égarent.
Aurele dans les forts, apres cent vains destours,
Seul et triste, du ciel implore le secours.
Il perd le doux espoir de rejoindre son maistre ;
De son cheval lassé descend, le laisse paistre ;
Et sur l’herbe couché prés du bord d’un ruisseau,
Soulage sa chaleur dans la fraischeur de l’eau.