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Lisois enfin l’estanche, et bande sa blessure.
Et la guerriere ainsi conte son avanture.
Depuis deux jours, dit-elle, ardente je suivois
Mon infidelle amant par les champs et les bois.
Je le trouve en ce lieu : je luy dis, ô ! Parjure,
Rien ne peut que ta mort reparer mon injure.
Crois-tu m’avoir ainsi laissée impunément ?
Traistre, je viens icy te rendre ton serment.
Seul trompeur dans la troupe, et moy seule trompée,
Faisons finir tous deux sa honte par l’épée.
Mourons, puisque tous deux, par ta folle fureur,
Nous sommes des humains le mépris et l’horreur.
De trois coups je l’attaque : il se deffend, il pare.
Tu m’épargnes, luy dis-je : et moy je te declare
Qu’apres t’avoir puny, je veux, comme un forfait,
Punir aussi sur moy le faux choix que j’ay fait.
Il faut par nostre sang laver nostre infamie.
Je ne suis plus amante, et suis ton ennemie.
Crains-tu, pour me fraper, d’estre plus criminel ?
Alors, pour n’oüir plus un reproche éternel,
De honte, de fureur, et troublé par son crime,
A me porter ses coups il s’emporte et s’anime.
Son fer me blesse au bras : il paroist satisfait,
D’autant plus furieux, qu’il accroist son forfait.
Et moy, je ne croy pas, luy portant trois blessures,
Qu’il ait assez de sang pour payer mes injures.