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Clovis est enflammé d’une rouge couleur :
Et le front du gaulois luy presage un malheur.
Où vas-tu ? D’où viens-tu ? Dit-il : que fait la reine ?
Amalgar luy répond : Aurele dans la plaine
Naguere m’a donné cette pressante loy,
Qu’avec les miens je vinsse au secours de mon roy :
Qu’il prendroit en mon lieu le soin de la princesse.
Clovis, en redoublant sa crainte et sa tristesse,
Ah ! Clotilde est perduë. Aurele en mesme temps
De douleur frape l’air par ses cris éclatans.
Le roy court aussi-tost, pour en trouver la piste.
Sa bande, apres ses pas, court et muette et triste.
Il presse, il crie, il veut que le simple Amalgar
Luy monstre en quelle route il a quitté le char.
Il s’y rend en peu d’heure : il observe la trace.
Il la suit, il la perd : il court, il s’embarrasse :
Dans un chemin douteux son esprit se confond.
Alors pour l’égarer, sort de l’enfer profond
Un demon qui plus loin éleve une poussiere,
Afin que le monarque y tourne sa carriere.
Parmy la poudre émeuë, un char paroist roulant.
Le prince plein d’espoir le suit d’un cours volant.
Sa joye en mesme temps en courant se réveille.
Le char vole devant, d’une course pareille.
Il pense, mais en vain, l’attaindre à tous momens ;
Et presse d’Aquilon les efforts vehemens.