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Puis il pense à Clotilde ; il revient sur ses pas :
De loin void Amalgar, qui luy soustient le bras,
Qui de ce grand peril veut sauver la princesse,
Et la tire à l’écart de la sanglante presse,
De ses justes frayeurs, et des travaux passez,
Voulant donner repos à ses membres lassez.
Malgré l’ayde, elle sent son beau corps qui succombe ;
Et sous un chesne épais, sur la terre elle tombe.
Le prince court vers elle, émeû d’aise et d’amour :
Met un genoüil en terre ; et bénit l’heureux jour
Qui luy rend sa Clotilde, et sa chere conqueste.
Il dépoüille d’acier et sa dextre et sa teste,
Prend sa main adorable, et soudain la pressant
D’un baiser amoureux, et long et languissant :
Enfin je suis heureux : je vous vois, ma princesse,
Je vous vois, et non pas vostre image traistresse ;
Dit-il : et des enfers les charmes eternels
Souffrent que mes baisers ne soient plus criminels.
Ah ! Ma reyne, est-ce vous, ou celle dont la rage
Me trompa si long-temps sous vostre belle image ?
Il rebaise ses mains ; il se perd dans ses yeux :
Il y boit à longs traits un heur delicieux.
Quels devoirs, répond-elle, et quels soins memorables,
Pourront payer jamais vos travaux secourables,
Et les coups que pour moy vous avez endurez,
Et vostre sang, peut-estre. Ah ! Dit-il, vous pleurez.