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Il appelle à son ayde et le ciel et l’enfer,
Pour trouver sur Clovis un passage à son fer.
Sa fureur l’ébloüit, à luy-mesme traistresse ;
Et dédaigne de l’art la secourable addresse.
Le seul hazard le guide en son ardent transport.
Clovis se ménageant, se rend maistre du sort.
Il pare, il presse, il pousse, et d’un coup le renverse,
Quand arrive un grand bruit d’une route diverse.
L’œil du peuple attentif s’y tourne en mesme temps,
Et la princesse émeuë, et les deux combattans.
Un guerrier dont l’orgueil paroist sur son visage,
Grand de taille et de mine, et plus grand de courage,
Accourt avec sa troupe, aux regards empressez,
La visiere haussée, et les longs bois baissez.
Clovis, dit-il, arreste ; et songe à ta deffense.
Crois-tu desja Clotilde acquise à ta vaillance ?
Alaric que tu vois, vient te la disputer ;
Et te monstrer que seul il peut la meriter.
Alors de son coursier il se jette sur terre :
Ordonne que soudain sa troupe se resserre ;
Et pendant le combat, s’aille ranger plus loin.
Il baisse la visiere ; et met le glaive au poin ;
Puis attaque Clovis d’une force nouvelle.
Le monarque françois de fureur estincelle,
Voyant qu’on luy ravit un ennemy battu ;
Et d’un juste dépit renforce sa vertu.