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Se regardent d’abord avec un œil jaloux ;
Partent l’un contre l’autre en leur ardent courroux ;
Et de fronts obstinez, armez de cornes dures,
Ensanglantent leurs corps par de larges blessures.
Le troupeau, que la crainte à l’entour fait ranger,
En attend le succés, perd le soin du manger.
Les pasteurs éloignez de leur fureur s’estonnent.
De leurs coups redoublez tous les vallons resonnent.
Soudain les deux guerriers, au choc accoustumez,
Un autre bois en main, retournent animez.
Chacun sent qu’en son cœur l’ardeur se renouvelle,
La honte le menace, et la gloire l’appelle.
Sigismond sur la croupe à demy renversé,
Sent de l’horrible coup son corcelet faussé ;
Perd l’estrier et la bride ; et son corps qui chancelle
S’attache aux crins volans, pour se remettre en selle.
Le monarque des francs, par la jouste affermy,
Ne semble pas attaint du fer de l’ennemy ;
Acheve sa carriere ; et fait bondir sur terre
Son superbe Aquilon, amoureux de la guerre.
Tous deux d’une autre lance ayant le bras armé,
Reviennent l’un sur l’autre, et d’un œil enflammé,
Sigismond par la honte, et Clovis par la gloire ;
Et d’un coup mieux assis esperent la victoire.
Le sarde et Sigismond, par un semblable sort,
Sont par terre estendus, à ce terrible effort.