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Tous deux gris-argentez, mouchetez par les flancs,
Traisnans jusqu’au sablon la queüe et les crins blancs.
Sa robbe, ou sur les bords la broderie ondoye,
Est blanche à fonds d’argent, et de luisante soye.
Ses yeux estincellans errent de toutes parts :
Puis portent sur Clovis leurs modestes regards :
Et sur son beau visage est vivement dépeinte
La joye, avec l’amour, et l’espoir, et la crainte.
Telle, mais non d’un œil si chaste ny si doux,
Triomphoit prés du Xanthe, avant que son espoux
Eut de mille vaisseaux armé sa jalousie,
Celle qui fit combattre et l’Europe et l’Asie.
Le brave Sigismond, de son ardeur touché,
D’une chaisne invisible au beau char attaché,
La suit comme captif, et seul finit la bande.
Il reprime la foule ; et severe commande
Qu’on referme la porte, et qu’on hausse le pont.
Son superbe harnois à sa grace respond,
Ou sur un fonds d’argent mainte fleur d’or éclate.
De son casque descend une touffe incarnate,
Qui luy frape le dos, à tout pas s’émouvant.
Un beau sarde, qui passe en vistesse le vent,
Les cygnes en blancheur, les lions en courage,
Sous luy, souple et fougueux, plie un leger corsage :
Au gré de ses talons tout passage franchit.
A l’envy de son poil son écume blanchit.