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Devons-nous pas douter des forces de ces dieux,
Qui craignent la vertu d’un don venu des cieux ?
J’estois plein de sommeil, alors qu’une voix forte
M’a dit, cours à ton maistre, et te haste, et luy porte
Le bouclier, et le fer sur l’Olympe forgé.
Jamais en tel combat il ne fut engagé.
Lors j’ay quitté soudain et mon lit et ma tente.
Non, ce n’est point le ciel : c’est l’enfer qui te tente,
Pour t’arracher Clotilde, et corrompre ta foy.
Ce glaive est plus puissant qui luy porte l’effroy.
Clovis, de son grand cœur consultant la sagesse,
Veut manquer à ses dieux, plustost qu’à sa princesse :
Mais pretend accorder ses dieux et son amour.
De la prochaine aurore il attend le retour,
Pour charger leurs autels de pompeux sacrifices,
Qui flatent leur colere, et les rendent propices.
Desja fumoit le sang de cent bœufs égorgez ;
Et Clovis et ses francs autour estoient rangez,
Fleschissant les genoux, adoroient les images,
Et d’arabes odeurs leur rendoient des hommages.
Alors, jusques au prince, un clairon resonnant
Avec ses tons aigus porte un bruit surprenant.
Quand la troupe à ses vœux ne fut plus occupée,
Par les sons redoublez l’oreille fut frapée.
Tous y tournent les yeux : puis paroist un heraut.
Il addresse à Clovis son parler fier et haut.