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Luy-mesme se combat, et se trouble et s’égare,
Quand sa porte avec bruit en deux parts se separe.
Aurele entre, et luy dit, plein d’ardeur et d’effroy,
Où sont les ennemis, les traistres à mon roy ?
Voila, prince, dit-il, vostre escu, vostre épée.
Soudain des deïtez la troupe est dissipée.
Mais le duc moderant son transport et sa peur,
Croit qu’il s’est abusé par un songe trompeur.
Clovis d’un grand soupir soulageant son haleine,
Que ton abord, dit-il, m’a délivré de peine !
Helas ! N’appelle point mes dieux mes ennemis.
Mais je ne puis vouloir le bien qu’ils m’ont promis.
J’ay veû des plus puissans le visage adorable,
Dont le soin me destine une princesse aimable,
Fille d’un grand monarque, et qui sur les autels
Rend ainsi que les francs l’honneur aux immortels.
Mais mon cœur est constant ; et d’autre-part il tremble
D’estre rebelle aux loix de tant de dieux ensemble.
Dans un combat horrible en moy-mesme agité,
Pour suivre leur vouloir, ou ma fidelité,
J’ay receû de ta voix le secours favorable ;
Et j’ay perdu soudain leur presence admirable.
Quels dieux, respond le duc, qui viennent à mon roy
Conseiller le parjure, et le manque de foy ?
Contre leurs faux conseils, voicy donc le remede,
Ce bouclier et ce glaive, à qui leur pouvoir cede ?