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Ranchaire et Cararic sans honneur et sans foy.
Puis des peuples bressans il embrasse le roy ;
Et l’anime à vanger, d’une juste colere,
Et Clotilde, et le sang de Chilperic son frere.
La dextre joint la dextre ; et bressans et françois
En confirment l’accord, par le bruit de leurs voix.
Puis il void Sigisbert ; et louë, adroit et sage,
Du fils la pieté, du pere le courage.
Et dit, voyant sa playe, et flatant sa douleur,
Que souvent sont amers les fruits de la valeur.
Alors de toutes parts la triomphante armée
Des deux perfides rois tient la troupe enfermée,
Par le juste vouloir du monarque vainqueur,
Qui contre les cœurs bas aigrit son noble cœur.
Dé-ja parmy les siens son ire est répanduë.
Chacun baisse contr’eux la pique suspenduë,
Preste, au premier regard, dans leurs chauds mouvemens,
D’immoler à sa veuë et manceaux et flamans.
Clovis, émeû de voir, pour deux princes infames,
Perir hors du combat tant d’innocentes ames,
Qui font vœu de le suivre en ses plus grands explois,
Fait paroistre à ses yeux les deux indignes rois :
Leur jette en sa colere une œillade estonnante ;
Et leur lance ces mots d’une bouche tonnante.
Quoy ! Detestables cœurs, honte de nostre sang,
Indignes d’estre issus d’un vaillant prince franc,