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Alpheïde en fureur, des deux cherche les pas :
Et des deux en courant medite le trépas :
Pretend vanger sa honte, et dans les bois s’engage,
Rouge par son dépit, puis blesme par sa rage.
Lisois, dont les regards son privez d’Yoland,
Fond sur les bourguignons d’un cœur plus violent :
Rompt de sa lourde masse une troupe ébranlée,
Honteux d’avoir si tard paru dans la meslée.
Gontran ose tout seul soustenir son effort.
Tous deux se font sentir leur bras adroit et fort.
Mais le brave Lisois de trois coups le terrasse :
Et l’envoye aux enfers ronger sa vaine audace.
Par la mort de leur chef l’escadron estonné,
Et de force et de cœur se sent abandonné.
Quatre des plus hardis sous luy mordent la terre.
Le reste fuit l’ardeur de ce foudre de guerre.
Cependant les françois, par Clovis enflammez,
Enfoncent l’helvetique, à vaincre accoustumez :
Tranchent testes et bras : mais le prince commande
Que l’on donne la vie à la guerriere bande :
Qu’ils mettent bas le fer. Leur main, de toutes parts,
Jette à terre la pique, et rend les estendars.
A peine aux loix du roy cette troupe est reduite,
Que l’ennemy par tout s’abandonne à la fuite.
Nul n’entend plus ses chefs : nul ne garde ses rangs.
Des chevaux élancez chacun pique les flancs.