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Entr’elle et son monarque en fureur s’abandonne.
Son amour insensé combat pour Albione.
Puis l’auguste regard du magnanime roy,
L’arreste, et le remplit et de honte et d’effroy.
Mais il s’oppose aux coups, et de son fer les pare.
Du moins pour la sauver, pour elle il se déclare.
Non loin avec sa troupe, en ce fatal moment,
Alpheïde combat, découvre son amant,
Vient d’une course émeuë ; et voyant l’infidele
Au devant d’Albione, et combatant pour elle,
Traistre à ton roy, dit-elle, et traistre à ton amour,
Qui des deux le premier dois-je priver du jour,
Ou ma fiere rivale, ou mon amant parjure ?
Mais Clovis va sur toy vanger la double injure.
Soudain sur la princesse elle porte ses coups,
Et sa flame irritée, et son brulant courroux.
Au peril des deux sœurs, sur qui fond un orage,
Auberon vient soudain, les couvre d’un nuage,
Les porte dans un bois, pour leur donner secours,
Et du sang qui se perd tasche à borner le cours.
Clovis, dans les broüillards de la vapeur humide,
S’écarte, avec Lisois, et l’ardente Alpheïde.
Et le traistre Volcade et surpris et confus,
Croit sa princesse esteinte, en ne la voyant plus.
Il cherche, il desespere, il court, il s’embarrasse ;
Et de soins obstinez tasche à trouver sa trace.