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Deux glaives tour à tour, sur l’or estincellans,
Semblent deux forgerons sur le fer martellans.
Yoland du beau casque attaint la touffe blanche ;
Et donne aux vents legers les plumes qu’elle tranche.
Le monarque vaillant, honteux de ce combat,
D’un effort dédaigneux les repousse, et les bat.
Du fer il les écarte ; et les celestes armes
Entrent dans leur cuirasse, et destruisent leurs charmes.
Il poursuit Yoland ; elle accroist sa valeur,
Par les coups de Clovis, par sa propre douleur ;
D’un orgueil invincible, et de rage allumée,
Sentant, malgré l’acier, son épaule entamée.
Comme au bord du Meandre, un beau saule planté,
Sentant couper sa branche au feüillage argenté,
Renouvelle sa force, et sçait de son dommage
Tirer, par le fer mesme, et richesse et courage.
Lisois, qui de Clovis connoist le bras puissant,
Pour Yoland redoute, entre deux s’élançant ;
Veut soustenir ses coups ; et feint avec addresse
De craindre pour son roy, craignant pour sa princesse.
Clovis sur Albione estend son rude bras,
Dont le charme vaincu ne la garentit pas.
Pousse le fer celeste, et perce de la pointe
L’endroit où la tassette à la cuirasse est jointe.
Volcade qui la suit, à ce coup blémissant,
Void du beau sang aimé le cheval rougissant,