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Argine le choisit entre tous ses guerriers :
Et voyant son beau casque ombragé de lauriers,
Quel orgueil, luy dit-elle, est égal à ta gloire,
De porter le laurier, mesme avant la victoire ?
Elle hausse la hache ; et du tranchant acier,
Entame d’un seul coup le casque et le laurier.
Urfé la blesse au bras : mais elle en est vangée.
Aigoland dont la force est ailleurs engagée,
Se retourne à l’instant, soigneux de ses amours ;
Void le coup ; et sensible arrive à son secours :
Vient fondre sur Urfé ; puis de sa lourde masse
Enfonce et casque et teste, et du coup le terrasse.
Gontran, qui de hazard passe d’un cours leger,
Void le guerrier tombant, tourne pour le vanger.
Varadon le prévient : desja sa large épée
Par un fendant revers de son sang est trempée.
Gontran plein de fureur se hausse sur l’arçon :
Veut le fendre d’un coup. Alors un froid glaçon
Saisit le cœur brulant d’Aregonde la belle,
Dont la hache s’oppose à l’attainte mortelle.
Au peril de leur chef maint bourguignon accourt.
Valdin leur fait sentir son fer tranchant et lourd.
A ses costez combat sa chere Amalazonte.
Pres d’elle son guerrier ne void rien qu’il ne dompte.
Et les autres amans, d’un flot continuel,
Se donnent l’un à l’autre un secours mutuel.