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Plus preste l’une et l’autre à souffrir cent trépas,
Que le honteux affront de reculer d’un pas.
Mais l’helvetique fier desja rougit le sable,
Percé dans l’estomac d’une playe honorable.
Dés que l’un mord la terre, et nage dans son sang,
L’autre remplit sa place, et succede à son rang.
Chacun fait voir son cœur aux perils invincible :
Mesmes en expirant, monstre un regard terrible :
Ou fait mourir, ou meurt ; et satisfait du sort,
Croit sa gloire assez haute, en tombant sur un mort.
Le roy vainqueur revient de sa chaude poursuite.
Son bras porte par tout ou la mort ou la fuite.
Mais son coursier lassé, sous luy tombe écumant,
De sang et de suëur tout humide et fumant.
Son escuyer Leubaste à son secours ameine
Un barbe impatient, indomptable à la peine,
Par le bruit des clairons dés long-temps animé
Du desir d’enfoncer un escadron armé.
Il hannit orgueilleux sous son roy magnanime.
A l’aspect de Clovis le combat se ranime.
Des helvetiques forts le guerrier regiment,
De la gloire des francs le seul retardement,
Pour qui l’affreuse mort n’a rien de redoutable,
Soustient de toutes parts un choc épouvantable.
Par tout, de leur grand cœur le gendarme irrité,
Tasche d’ouvrir les rangs de ce peuple indompté.