Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/305

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour laisser le roy franc aux perils s’engager ;
Partager son débris, ou vaincre sans danger.
Montan qui sçait leur trame, au sage duc s’addresse.
Voy, dit-il, qu’au combat vient le prince de Bresse,
Oncle de la princesse : avance, et luy promets
Que ton roy contre luy ne combattra jamais :
Qu’il l’aime, aimant Clotilde ; et pour marque plus claire,
Qu’il tient hors du combat Cararic et Ranchaire.
Que de mesme il s’arreste ; et pour son amitié,
Qu’il rendra son estat accreu de la moitié.
Ne crains rien : l’oriflame asseûre ton passage.
Le duc prompt à sa voix, porte le feint message ;
Parle à Godegisille ; et luy touche la main.
Aussi-tost pour le franc, il quitte son germain,
En faveur de sa niece, et de la foy donnée,
Detestant le trompeur, contraire à l’hymenée,
Et ses cruels bourreaux non encore assouvis.
Son cœur desja combat pour elle et pour Clovis.
Aurele, des deux rois craint la traistresse audace ;
Fait marcher le bressan : devant eux il le place ;
Et contre leurs desseins veut qu’il soit un rampart.
Comme un corps de reserve, ils paroissent à part :
Et ce gros en suspens, comme un futur orage,
Des bourguignons branlans estonne le courage.
Le duc impatient, rejoignant les gaulois,
Comme d’un feu nouveau, rallume leurs explois.