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De toutes parts luy-mesme, anime, court, travaille,
Prend les soins importans du fort de la bataille.
Sa voix fait avancer la phalange des francs.
Arbogaste à leur teste attaque par les flancs
La bande bourguignonne, aguerrie et serrée,
Qui presente par tout mainte pointe ferrée.
Le vaillant Vindemir accourt à ce costé,
Pour s’opposer au choc du guerrier redouté.
L’un vers l’autre ébranlant, d’une main foudroyante,
Le bois long et leger de sa pique ondoyante,
Au devant de sa troupe avance de six pas.
Tous deux sçavans en l’art appris dans les combas,
Pressent d’un ferme pas les landes sablonneuses :
Tous deux brillent de gloire, et d’armes lumineuses.
L’un contre l’autre en vain pousse son bras puissant.
Le fer coule trois fois sur le poly glissant.
Mais Arbogaste enfin d’un grand effort qu’il lance,
Du brave Vindemir surmonte la vaillance.
D’une large blessure il a le corps ouvert.
Le sang sort à longs flots : dé-ja l’œil est couvert :
Et l’ame fiere encor, dans les demeures sombres,
Va conter ses grandeurs aux paslissantes ombres.
Le vainqueur glorieux, assez riche d’honneur,
Dédaigne la dépoüille en son ardent bon-heur,
Pousse aussi-tost sa pointe, irritant son courage,
Sur la troupe qu’ébranle un si triste présage.