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Agreable aux françois, aux autres redoutable ;
Et depuis à nos rois et saint et venerable.
Clovis parle aux soldats, allant de rang en rang,
Couvert du don celeste, et d’un pennache blanc.
Sus ! Dit-il, animez, pour vanger mon injure,
Et vos cœurs et vos bras, contre un prince parjure,
Qui trahit sa promesse ; et refuse à mon rang
L’honneur que je luy fais de m’unir à son sang ;
Qui veut à sa fureur immoler pour victime,
Celle qu’il me promit par accord legitime.
Il dit que je le fuis. Allons, mes compagnons,
Laver son insolence au sang des bourguignons :
Allons avec le fer conquerir vostre reine,
Autant digne d’amour, qu’il est digne de haine.
Que j’aime sur vos fronts cette ardeur que j’y voy.
Soudain un cry s’éleve, il faut vanger le roy.
Aussi-tost dans les eaux le premier il s’élance ;
Et leur monstre le gué, qu’il sonde avec sa lance.
Tout le suit à l’envy, dédaignant les hazards,
Et les flots, et les traits, siflans de toutes parts.
Les ondes d’un costé, d’autre les rives vertes,
D’hommes et de chevaux tout à coup sont couvertes.
Un camp se joint à l’autre avec un mesme effort ;
Et l’œil distingue à peine et le fleuve et le bord.
Le monarque, au mépris de cent piques baissées,
Pousse enfin son coursier sur les rives forcées :