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Et sur ce grand depost avoir de toutes parts
Et de prudens soupçons, et de veillans regards.
Pour reparer sa faute, il veut que ses addresses,
Que ses soins obstinez, luy rendent les princesses :
Qu’il coure apres leurs pas, qu’il les suive en tous lieux.
Sans elles, luy deffend de s’offrir à ses yeux.
Quoy ? Punir un malheur par la honte et l’outrage,
Dit-il ? Prest à combattre, il m’ordonne un voyage ?
De plaintes il rebat tous les grands de la cour.
Puis il entend la voix de son flateur amour,
Qui luy dit qu’en sa route il suit aussi l’armée,
Qui va vers le sejour de sa princesse aimée ;
Et sent, en la suivant, double joye en son cœur,
Servant en mesme temps son maistre et son ardeur.
Sur l’adieu de Lisois, Volcade se ranime.
Albione, en fuyant, l’a soulagé d’un crime.
C’estoit estre à son roy perfide en la sauvant.
Il sert avec Lisois son prince en la suivant.
Soudain avec l’espoir sa vigueur se rallume.
Il quitte de son lit la langoureuse plume ;
Et la belle Alpheïde, et ses soins amoureux ;
Et de suivre un amy, prend le pretexte heureux.
Cependant de Clovis les troupes répanduës
Marchent de lieux divers, à files estenduës :
Se joignent dans la route à monceaux grossissans,
Vers le champ auxerrois à grands pas s’avançans,