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Varadon qui les suit, vient secourir les deux.
Il reluit tout à coup, saisi des mesmes feux.
Son amante aussi-tost, la vaillante Aregonde,
En rang, comme en beauté, d’Argine la seconde,
Sur son guerrier fidelle arrive en s’effrayant :
Puis son corps est épris du venin flamboyant.
A son pressant peril, l’aimable Amalazonte,
Pour esteindre l’ardeur vient d’une course prompte.
Valdin qui l’accompagne, attaint de son amour,
Vole à son corps brulant ; puis il brule à son tour.
De l’un, toute la bande à l’autre secourable,
Se donne une aide triste, et vaine, et miserable.
Tout pleure, tout s’écrie en ce cruel malheur.
Nul de tous ne gemit de sa propre douleur.
Chacun se desespere en l’horrible avanture ;
Et se plaint seulement de ce qu’un autre endure.
Le feu sans cesse ardent les ronge tout autour.
Ils s’embrassent l’un l’autre, et de rage et d’amour.
Plus que les feux cuisans, les fureurs les devorent,
Voyant plaindre, soufrir, perir ce qu’ils adorent.
Au funeste secours nul ne s’avance plus,
Voyant qu’en ce malheur les soins sont superflus.
A voir le triste éclat des beautez qui perissent,
D’horreur et de pitié tous les cœurs en fremissent.
Tout les suit : tout les fuit ; et chacun dit de tous,
Que s’ils devoient mourir, c’estoit d’un feu plus doux.