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Pleine de l’eau magique, huileuse et consumante,
Du mur passent d’un saut une bresche fumante.
L’on veut les arrester par cent fers aiguisez :
Elles jettent leurs eaux sur les corps opposez.
Soudain des feux prochains ces eaux sont allumées.
On void des bras flambans, des testes enflammées.
C’est en vain que du mal on veut borner le cours,
Soudain le feu se prend à qui donne secours.
Alors l’ardente peste à tous se communique.
Tout soldat abandonne et l’épée et la pique,
Gemit, jette des cris, pour les vives douleurs
De l’assaut impreveû des brulantes chaleurs.
Albione, Yoland, seûres et triomphantes,
Sautent parmy les flots des flames estouffantes ;
Par tout, du chaud venin les goutes épanchans :
Puis volent par la ville, et de là par les champs.
La troupe cependant d’Aigoland et d’Argine,
Deux à deux de hazard passe où l’ardeur domine.
La tendre Argine accourt ; et d’un soin courageux,
Veut couvrir de son saye un soldat plein de feux.
Son beau corps est surpris de la flame traistresse.
Le sensible Aigoland, d’une prompte vistesse,
Pour estouffer le mal, l’embrasse en son manteau.
Lors, comme un cierge esteint prés d’un brillant flambeau,
Sçait attirer le feu par sa méche fumante,
Sur luy vole l’ardeur, du corps de son amante.