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Albione et sa sœur, de ces cris agitées,
Devant un juge austere aux tesmoins presentées,
D’ennuis impatiens promptes à se ronger,
Veulent rompre leurs fers, mais non sans se vanger :
Consultent les demons, et leur propre malice,
Qui surpasse en fureur l’enfer mesme complice.
Par cent feux allumez dans la vaste maison,
Elles veulent franchir leur honteuse prison.
Maint esprit leur apporte et du soufre l’écume,
Et la luisante poix, et le gluant bitume.
Par Chromis et Myrrhine, en deux obscures nuits,
Les portes, les planchers, les murs en sont enduits.
Les sœurs font murmurer de magiques paroles ;
Et de naphte brulant emplissent des fioles,
Dont tout corps par le feu doit se voir enflammé ;
Et qui voudra l’esteindre, en doit estre allumé.
Telle eau choisit Medée inhumaine et jalouse,
Pour le present funeste à la nouvelle espouse,
Dont, pour punir les feux du perfide Jason,
Un roy fut consumé, sa fille et sa maison.
Dans leur aspre courroux, des nuits le noir silence
Est moins propre à leur gré pour combler leur vangeance.
Il faut que le soleil éclaire leur fureur.
Plus la foule croistra, plus il naistra d’horreur.
Soudain en lieux divers les flames sont semées.
Dé-ja montent aux cieux les épaisses fumées.