Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/273

Cette page n’a pas encore été corrigée

Comment prés d’Yoland peut-il plus se deffendre ?
Que peut-il alleguer ? Qu’oseroit-il pretendre ?
Pour elle, prés du roy sa voix n’a nul credit.
Pour luy-mesme, prés d’elle, il demeure interdit.
Souvent à son secours vient le vaillant Volcade,
Qui des chastes amans regit une brigade,
Par les liens du sang au guerrier engagé :
Et le soin de leur plaire est entr’eux partagé.
Par ses adroits propos, des deux belles princesses
Il tasche d’amoindrir les piquantes tristesses.
A sa chere Alpheïde attaché par ses feux,
Par mutuels desirs, par le temps, par ses vœux,
Par les constantes loix de la bande fidelle,
Prés d’Albione il trouve Alpheïde moins belle.
Tout luy plaist d’Albione, et la rare beauté,
Et la taille, et la mine, et l’aimable fierté,
Et sa tige royale, et sa douceur auguste,
Et sa noble tristesse, et sa douleur si juste.
Son cœur émeû pour elle à la tendre pitié,
Le trompe, le trahit, laisse entrer l’amitié,
Et le soin de complaire à son dépit extreme :
Puis à feux découverts laisse entrer l’amour mesme.
Du charme de ses yeux il ne peut s’assouvir :
Il s’y brule : il conçoit l’ardeur de la servir ;
Au peril de cent morts, de sauver la princesse ;
Infidelle à son maistre, ainsi qu’à sa maistresse.