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Qu’elle est de sang royal : qu’elle ignore ses loix ;
Et qu’en elles, son maistre offense tous les rois.
Que le flamand, l’anglois, les princes d’Allemagne,
Les bourguignons, les gots, et les peuples d’Espagne,
Meslant leurs interests, d’un fer vangeur et prompt,
Viendroient au sang des francs laver ce lasche affront.
Que Clovis aux bien-faits rend un prix honorable,
Ayant eu sa retraite au palais secourable,
Quand la terre et le ciel, contre luy s’émouvans,
L’assaillirent soudain d’eaux, de feux, et de vents :
Où par divers plaisirs il soulagea sa peine ;
Et dont il s’éloigna d’une fuite soudaine.
Qu’il monstre qu’un bien-fait en luy n’est pas perdu :
Qu’aux dames il rend bien l’honneur qui leur est dû :
Au lieu de soins courtois, de devoirs, de services,
Les dévoüant aux fers, aux prisons, aux suplices.
Ces reproches, naissans de leurs cœurs irritez,
A Clovis par Lisois en vain sont reportez.
Elles parent en vain avec ces foibles armes,
Pensant qu’il ne sçait pas leur malice et leurs charmes.
Le roy cache à Lisois sa plus forte raison ;
Et refuse à ses vœux d’adoucir leur prison.
L’amant plein de dépit, le cache dans son ame.
Eloigné de son maistre, il l’accuse, il le blâme.
Mais l’ennuy le plus fort qui le vient émouvoir,
Est de voir que luy-mesme il perd tout son espoir.