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Lisois trop satisfait prend la main chere et belle :
Pour son roy, pour luy-mesme, heureux garde, et fidelle.
Puis Clovis mande Aurele ; et consulte à l’écart
Sur ces cruelles sœurs que luy rend le hazard :
Juge, par les transports dont se vangeoient leurs flames,
Qu’il doit tout redouter de ces meurtrieres ames :
Qu’en leur haine est à craindre et le charme et le fer ;
Et tout ce qu’a d’horrible et la terre et l’enfer.
Il commande à Lisois que d’une garde forte
Soudain de son palais il munisse la porte :
Imposant à ses soins une severe loy,
Qu’ils soient du grand depost les garends à son roy.
De charmans entretiens, de plaisirs et d’adresses,
L’amant veut adoucir la prison des princesses.
Il les flate : il s’excuse, en gardant leur sejour,
Sur deux maistres puissans, son prince, et son amour.
Il adore Yoland : dit, quand elle est plaintive,
Que luy-mesme est aux fers, captif de sa captive.
Que puisque sa franchise est prise en ses appas,
Il ne peut à leurs vœux donner ce qu’il n’a pas.
Cette excuse frivole à leur ame est sensible :
Et renforce l’aigreur de leur cœur invincible.
Yoland de dédains afflige son amant :
De l’indigne prison se plaint à tout moment :
Dit qu’il employe en vain des vœux qu’elle rejette :
Que de son fier monarque elle n’est point sujette.