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Il fit de la cité barrer toutes les portes.
La vierge les ouvrit par ses paroles fortes.
Et comment n’eût le roy fleschy sous cette voix,
Sous qui fleschit le fer, et l’insensible bois ?
Mais je la veux oüir, bien qu’en toy je me fie ;
Afin qu’en mon bon-heur elle me fortifie.
On la mande : elle vient au desir de son roy ;
Donne au discours d’Aurele une plus grande foy ;
Void le present celeste ; et frémissante d’aise,
En admire l’ouvrage, et l’honore, et le baise.
Va, mon prince, dit-elle, armé de ce harnois,
Punir de Gondebaut l’injurieuse voix.
Il dit que tu le fuis : mais pour l’heur de ton trône,
Va conquerir d’un coup et Clotilde et la Saône.
Desja du bourguignon Clovis se sent vainqueur,
Et par le saint oracle, et par son propre cœur.
Il veut que tout guerrier pour le départ s’appreste ;
Et ne médite plus que vangeance et conqueste.
Puis il pense à Clotilde ; et pour la soulager,
Par l’advis de la sainte, au secret messager
Il confie un écrit, où de la fourbe noire
A sa chere princesse il abrege l’histoire :
Que dans ce prompt départ, qui pouvoit l’irriter,
Il avoit creû la suivre, et non pas la quitter :
Que l’accuser de fuite, est luy faire un outrage :
Qu’il n’a jamais manqué d’amour ny de courage.