Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais avec ce harnois, dit-il, tu dois sçavoir
Que nul charme sur toy jamais n’aura pouvoir.
Son esprit allegé de ses douleurs cruelles,
Gouste et boit à longs traits tant d’aimables nouvelles
Et pour recompenser le present precieux,
Et l’agreable amas de soins officieux,
Luy donne de Melun la ville, et le domaine,
Agreable et fecond par les flots de la Seine :
Et de duc de haut rang, par ses faits merité.
Puis d’une riche épée il orne son costé,
Dont la garde est d’or pur, de diamans brillante,
Digne d’estre en la main et fidele et vaillante.
Le charme fait qu’encore il doute quelquefois.
Le duc le presse alors d’endosser le harnois.
Il s’arme ; et void soudain en son ame contente,
Albione trompeuse, et Clotilde constante.
D’une simple bergere admirable sçavoir !
Le ciel l’aime, dit-il, et je sçay son pouvoir.
Ma voix n’a peû jamais repousser ses demandes,
Quoy qu’à mon gré souvent importunes et grandes.
Et son zele animé d’un langage puissant,
M’arrache le coupable, ainsi que l’innocent.
Le roy mon pere un jour dévoüoit au suplice
Un mortel dont le crime irrita sa justice.
Il craint que Genevieve, esperant l’obtenir,
N’accourust de Nanterre ; il veut la prevenir.