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L’enfer jaloux des biens à l’eglise promis,
Nous a fait éprouver ses charmes ennemis.
Ce bruit, dit le saint homme, est ta soigneuse suite,
Qui te cherche en ce bois, du ciel mesme conduite.
De combien de plaisirs as-tu charmé mes sens ?
Et combien du grand dieu les secours sont puissans ?
Les escuyers passoient : l’hermite les appelle.
Ils bénissent, ravis, la rencontre d’Aurele.
Que des armes, dit-il, chacun porte une part.
Chacun reçoit sa charge, et s’appreste au départ.
Aurele prend l’épée ; et de l’escu se pare :
Tient la lance en sa droite ; et du saint se separe,
Apres un doux baiser, entre-meslé de pleurs,
Que par les yeux la joye attire de leurs cœurs.
Ils repassent trois fois la Seine tournoyante.
Apres leurs pas s’amasse une troupe ondoyante,
De passans estonnez, ravis, et curieux,
A l’or estincellant attachez par les yeux.
Le saint triomphe arrive en la ville peuplée.
Une presse plus grande est autour assemblée.
Tous semblent, en suivant d’un regard arresté,
En triomphe conduits, comme un peuple dompté.
Ainsi quand des romains les foules estonnées
Voyoient les rois vaincus, les reines enchaisnées,
La dépoüille conquise, et les satrapes fiers,
Traisnez par les vainqueurs couronnez de lauriers,