Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et luy monstre la sainte, où tendoit son desir.
Dé-ja ses yeux frapez d’un sensible plaisir,
Sont charmez et vaincus, et reçoivent la flame
Qui trouble en un moment et captive son ame.
Il rougit ; il paslit. Clotilde d’autre-part
Jette sur le monarque un modeste regard.
Mais l’auguste splendeur sur le grand front brillante,
Et sa taille, et sa grace, et sa mine vaillante,
Ebranlant tout à coup sa sage fermeté,
Par un pudique feu domptent sa liberté.
Elle arreste son pas, rougissante et confuse.
Le respect pour la croix, luy sert de prompte excuse.
Elle tombe à genoux : et contre son transport
Elle demande à Christ et conseil et support.
Elle avance : il la suit d’une démarche émeuë.
Mais toûjours elle baisse, ou détourne la veuë.
Sa sagesse combat l’espoir d’un heur si grand ;
Et tache a repousser l’amour qui la surprend.
Mais malgré sa pudeur religieuse et fiere,
Souvent son œil s’échape, en levant la paupiere.
Puis sa honte severe, ainsi qu’un grand forfait,
Blasme la trahison que son regard luy fait.
Elle sort incertaine, et confuse et vermeille.
Elle prie, elle jeusne, à son dieu se conseille.
Elle invoque Denis, l’apostre des gaulois,
Qui par le doux secours d’une sensible voix,