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Leurs armes, leurs combas, leur pouvoir, leur deffaut ;
Ce que trame Thierry, ce que fait Gondebaut.
Mon souvenir fecond cherche à le satisfaire ;
Et dans ces entretiens j’acquiers l’heur de luy plaire.
Mais je rends son grand cœur d’un doux charme enchanté,
Quand j’arrive au recit de la sage beauté.
Il veut cent et cent fois que mon discours repasse
Son teint, et ses cheveux, et sa bouche, et sa grace,
Et sa taille royale, et son esprit parfait,
Et de ses yeux divins l’inévitable attrait.
Dé-ja sensiblement la princesse le touche,
Dans l’imparfait recit qu’il entend par ma bouche.
Il brule de la voir : il plaint les potentats,
De ne pouvoir en paix sortir de leurs estats,
Privez du libre abbord d’une estrangere terre,
Sans y porter aussi leur puissance et la guerre.
Le bructere et le marse alors aux champs tongrois
(son maternel domaine) estendirent leurs loix.
Mon maistre, en se vangeant, les combat et les dompte :
Mais il ne peut dompter l’amour qui le surmonte.
Aux sources de la Meuse il passe avec plaisir.
Il veut voir la beauté qui seule est son desir.
Il loge en lieux divers sa triomphante armée.
Puis d’une jeune ardeur ayant l’ame enflammée,
Pour escorte il choisit la troupe de Lisois ;
Aux bords de ses estats la range dans un bois :