Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/239

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le bon-heur d’un tyran t’est plus cher que le nostre.
Ah ! Je meurs, que ta voix me parle pour un autre.
Alors elle rougit ; et détourne ses yeux,
Qui n’osoient avoüer ces mots delicieux.
Je crains que mon bon-heur par ma bouche n’éclate.
Car dans ces lieux suspects l’oreille est delicate.
J’estouffe le transport qui lors me vint saisir.
Je tombe à ses genoux, plein d’heur et de plaisir.
J’implore sa mercy par des paroles basses,
Prest à souffrir cent morts, pour payer tant de graces.
Je rapporte au tyran ses refus genereux.
Il croit qu’un doute seul l’empesche d’estre heureux.
Pour donner à ses feux un fondement solide,
Du lit imperial il chasse Zenonide :
Et veut que les prelats, par leur divin pouvoir,
Pour un nouveau lien, souscrivent son vouloir.
Par un juste refus ses flames sont frustrées.
Il fait sentir l’exil à cent testes mitrées.
Il croit que ses arrests suffisent à ses vœux :
Et pretend sur le trône authoriser ses feux.
Apprenant ce dessein, elle se pasme et tombe.
Sa santé dé-ja foible, à tant d’assauts succombe.
Dans un trouble confus son esprit éperdu,
Le sang de son cher frere à ses yeux répandu,
Les secousses des vents, les frayeurs d’un naufrage,
Tant de perils affreux sur un triste rivage,