Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée

Plustost que de servir à ton ardeur brutale,
Je veux perir ; je suis et princesse, et vandale,
(dit-elle en s’animant d’une noble rougeur)
Du sang de Genseric, qui sera mon vangeur ;
Qui fut bien le dompteur de Rome et de Cartage ;
Et qui peut bien dompter ton empire et ta rage.
Le monstre luy respond, de colere blesmy,
Je t’aime, et ne crains point ton roy pour ennemy.
Va ; dans le cours d’un jour consulte ta prudence,
Si tu dois éprouver l’amour ou la puissance.
Mon cœur, dit-elle, et pur, et ferme en son devoir,
Ne peut souffrir tes feux, ny craindre ton pouvoir.
En pompe on la conduit par un riche portique :
Pour sejour, on luy donne un palais magnifique :
D’honneurs et de plaisirs on veut charmer ses sens :
Mais sa vertu fait voir leurs appas impuissans.
On veut l’épouvanter par de veillantes gardes ;
Et l’on fait à ses yeux briller cent hallebardes.
Rien n’émeut son vouloir : tout émeut ses douleurs.
Mais son cœur indompté regne parmy ses pleurs.
Je m’offre, par ma mort, à garentir ses peines :
A punir du tyran les flames inhumaines :
A sauver l’orient de ce prince pervers,
Domptant par ma main seule et sa vie et nos fers.
Elle veut que son sang, non le mien, la délivre.
Mourons, dit-elle, au temps qu’il faut cesser de vivre :