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Paros aux marbres blancs, et la noble Delos,
Et cent monceaux de terre épandus sur les flots.
Entre les bords serrez et de Seste et d’Abyde,
Nous passons dans les mers du large Propontide.
Puis nous voila conduits des vents et du destin,
Dans les superbes murs qu’éleva Constantin.
On nous loge au palais : on nous flate, on la pare
D’une veste odorante, et pompeuse et barbare.
Puis nous sommes offerts aux infames regards
Du fier usurpateur du trône des Cesars.
Il contemple Agilane ; et son ame charmée,
Par ses divins regards est d’amour enflammée.
Il l’aborde : il luy parle ; et d’un desir pressant,
Veut soudain voir son cœur sous ses vœux fléchissant.
Je suis, dit-elle alors, de naissance royale.
Si la faveur du ciel fut pour moy liberale,
Ce n’est pas pour souler d’incestueux desirs.
Rends moy la liberté : cherche ailleurs tes plaisirs :
Et la clarté du jour me soit plustost ravie,
Que de souffrir jamais une tache à ma vie.
Le tyran est surpris de sa chaste fureur ;
Mais il croit que tout cede aux loix d’un empereur.
Au suprême pouvoir il mesle les addresses :
Il joint, d’un art flateur, les offres aux caresses.
Voyant qu’un juste orgueil rend tous ses feux confus,
Il veut par la menace amortir les refus.