Le peuple impatient veut que le sort s’acheve
Par mon frere Ramir, contre Arismond le sueve,
En l’âge de treize ans tous deux hardis et fiers,
Et dé-ja signalez par des actes guerriers.
J’anime sa valeur, d’elle-mesme animée.
Ils s’attaquent aux yeux de l’une et l’autre armée.
Ramir pousse Arismond, d’un bras adroit et fort.
Arismond se mesnage, et soustient son effort :
Puis le presse à son tour. Ramir glisse sur l’herbe.
Arismond fond sur luy, de sa cheûte superbe :
Tient au front de Ramir le glaive menaçant.
Il refuse la vie : et le peuple consent,
Admirant de son cœur la grandeur excessive,
A sortir de l’Espagne, et que leur prince vive.
Tout part : Trasimond meurt, de mal, ou de douleur.
Ramir cherche à mourir, honteux de son malheur ;
Et du malheur des siens la piquante tristesse,
Par tout semble à son bras reprocher sa foiblesse.
Ils cherchent, ayant mis la Galice en oubly,
Genseric le vandale, en Afrique estably.
Mais Ramir ne peut-pas supporter le visage
De ce roy glorieux, qui prit Rome et Cartage.
Il gemit, il soûpire ; et d’un dépit amer,
En montant le navire, il se lance en la mer.
On le sauve des flots : nous quittons le rivage.
Je tasche à surmonter son invincible rage.
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