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Le lion courageux encor sur moy s’élance :
Et de sa force encor j’attens la violence.
D’un intrepide cœur, rassemblant ses efforts,
Au travers de la pique, il accable mon corps.
Nous tombons écartez, d’une cheûte diverse,
L’un mort, l’autre vivant, tous deux à la renverse.
Je me dresse, et me voy sain et victorieux.
La princesse à genoux en rend graces aux cieux.
Une femme vers nous à pas lents s’achemine,
Sortant d’un toit assis au dos d’une colline ;
Qui voyant tant de corps sur le sable estendus,
De merveille et de joye à les sens éperdus :
Nous exhorte et nous ayde à les traisner dans l’onde.
Des longs fers nous creusons une fosse profonde,
Pour donner au corps froid sa derniere maison,
Que sa sœur éplorée orne d’un verd gazon :
Se plaignant que le sort mesle avec injustice
Et la haste et la crainte à ce pieux office.
Elle laisse à regret ce déplorable lieu :
Luy dit, baisant la terre, un eternel adieu :
Puis sous le pauvre toit triste et foible se range.
Craintive elle s’enquiert quelle est la terre estrange ;
Sçay que c’est la Lybie ; et ce bord écarté
Est sujet de Cartage, et prés de la cité.
La pitié pour ses maux, et sa grace divine,
Qui malgré sa tristesse estincelle et domine ;