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Je combattray pour vous plustost jusqu’au trépas,
Luy dy-je. Mais ta mort ne me sauvera pas,
Reprit-elle en soûpirs. Aussi-tost un barbare,
Admirant sa beauté, s’approche, et s’en empare.
En main je mets l’épée ; et de courroux brulant,
D’un coup je fay tomber le voleur insolent.
J’amasse en mesme-temps sa longue javeline.
J’écarte l’un des deux ; perce l’autre à l’échine,
Quoy que de bois pareils tous deux fussent armez.
Mais d’un art plus adroit mes bras son animez.
Enfin j’éstens d’un coup le dernier sur l’arene.
La princesse bénit la bonté souveraine :
Mais ne se croit pas libre, et franche de dangers ;
Et craint l’injuste effort de nouveaux estrangers.
Un reste de couleur tout à coup l’abandonne.
Et d’un soudain effroy tout son beau corps frissonne.
Mon œil, comme le sien, void un lion puissant,
Qui secoüant ses crins, des montagnes descend.
Contre tant de travaux mon courage s’obstine.
Je m’appreste au combat, branlant la javeline.
L’animal s’en irrite, affamé de mon sang ;
Et frape de sa queüe et le sable et son flanc.
La princesse, en fuyant, foible retombe à terre.
Le monstre fond sur moy : dans ma pique il s’enferre.
Sa dent brise le bois à l’épaule attaché.
J’amasse un autre fer, sur les herbes couché.