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Où ces peuples guerriers regagnoient leurs vaisseaux,
Pour reparer leur honte en des climas nouveaux.
Je fus d’entre les biens qui consoloient leurs pertes.
Et dé-ja de la proüe ils fendent les eaux vertes.
Ils tentent sans espoir les santoniques bords :
Sur ceux de l’Aquitaine ils font de vains efforts :
Ils tournent la Galice, et la Lusitanie :
Mais d’armes, en tous lieux, la rive est trop munie.
Ils passent le destroit, qui seul aux vastes mers,
Du milieu de la terre à les beaux champs ouvers.
Une flote paroist, royale, magnifique,
Qui voguoit de l’Espagne aux costes de l’Afrique.
On combat ; et l’ardeur dont je me sens bruler,
Fait que d’un coup hardy je veux me signaler.
Au plus grand des vaisseaux soudain le mien s’attache.
Alors armé d’épée, et couvert de rondache,
D’un cœur precipité je saute sur le bord.
Les saxons à l’envy secondent mon effort.
Tout fuit : nul n’ose plus soustenir ce que j’ose.
Enfin un jeune enfant seul à mon bras s’oppose,
Beau, d’un ferme regard, d’un éclat plus qu’humain,
La fureur dans les yeux, et le fer dans la main.
Du bouclier deffenseur je pare ses attaintes ;
Et pretens le dompter par de lassantes feintes.
Une belle princesse, en l’avril de ses ans,
Et d’un œil et d’un cœur les armes méprisans,